EM
n°41 Novembre / Décembre 2012
(6)
enquête
L’
Une obésité persistante depuis l’enfance a un retentissement sur la santé à l’âge
adulte, mais elle a aussi des conséquences préjudiciables, immédiates et à long
terme, sur l’épanouissement social de l’individu. Autant de raisons pour ne pas
négliger la prise en charge d’une obésité pendant qu’il en est encore temps.
Obésité
alerte rouge
infantile
évolution de la prévalence de l’obésité de l’enfant est
devenue un sujet de préoccupation qui dépasse le strict
cadre médical et nécessite une mobilisation de terrain
urgente. Les prévisions sont alarmantes : près de 25%
des enfants seront obèses ou en excès de poids dans les
années 2020 si la progression des chiffres se poursuit
au rythme actuel (source : programme national nutri-
tion santé).
L’obésité infantile est en constante progression dans
les pays industrialisés. Sa prise en charge thérapeu-
tique est constamment décevante, qu’elle soit évaluée
à court ou long terme. Or, si ses conséquences pré-
coces sont bénignes et peuvent même n’avoir aucune
expression clinique pendant l’enfance, il n’en est pas de
même pour les risques à long terme.
Une personne obèse dans l’adolescence a deux fois plus
de risque de mourir de maladie coronarienne et 13 fois
plus de risque de décéder d’un accident vasculaire céré-
bral qu’un sujet de poids normal, soit globalement 10
ans de moins à vivre, et ce quelle que soit l’évolution
de son poids à l’âge adulte.
La plupart des enfants obèses deviennent des adultes
obèses. En effet, plus de la moitié des enfants obèses
de 6 ans et 70 à 80% des enfants de plus de 10 ans
restent obèses à l’âge adulte, alors que 10% seule-
ment des enfants du même âge et de poids normal
le deviennent (source : Dietecom). Le risque pour un
enfant de devenir un adulte obèse est lié à deux fac-
teurs de risque familiaux : lien génétique et partage
d’un même environnement.
L’activité physique des enfants et des adolescents dans
les pays industrialisés diminue. La vie quotidienne
explique cette évolution. A corpulence équivalente, la
masse grasse d’un enfant est largement modulée par la
quantité d’activité physique pratiquée. Une corrélation
étroite existe entre le temps passé devant la télévision
ou un ordinateur pour des jeux vidéo et le pourcen-
tage de sujets obèses. Dès les années 1960, les études
NHANES aux États-Unis ont révélé une augmentation de
prévalence de l’obésité de 2% par heure de télévision
hebdomadaire supplémentaire !
Liens entre obésité
et facteurs sociaux ?
Le lien entre obésité de l’enfant et de l’adolescent et
facteurs sociaux est influencé par le type de société
dans lequel vit l’enfant. Ainsi, une importante étude
prospective danoise effectuée auprès de l’ensemble
des enfants âgés de dix ans, en fin d’école primaire à
Copenhague, a montré que dix ans plus tard, à l’âge
de vingt ans, le risque d’obésité est majoré par le sen-
timent de l’enfant de dix ans de bénéficier ou non
d’un soutien parental adéquat. D’autres études attri-
buent un risque supplémentaire à la situation d’enfant
unique ou de benjamin et au niveau d’éducation de la
mère. Les aspects sociaux et le rôle de l’environne-
ment s’additionnent, en particulier dans les grandes
villes. En revanche, la relation entre obésité infan-
Par le Docteur Rémy Clément
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