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n°41 Novembre / Décembre 2012
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L’obésité de l’enfance retentit grandement sur le deve-
nir social à l’âge adulte. Les données sur ce sujet nous
viennent encore des Etats-Unis et reposent sur un
échantillon représentatif national de plus de 10 000
sujets âgés de 16 à 24 ans, constitué à des fins marke-
ting, auquel un questionnaire annuel a été envoyé pen-
dant 7 ans. Les filles dont l’indice de masse corporelle
était initialement élevé avaient, en moyenne 7 ans plus
tard, un taux de mariage, un nombre d’années d’étude
et un revenu inférieurs. Une tendance similaire était
notée pour les garçons.
Pour une
prévention efficace
La prévention est au cœur des villes dans une démarche
d’actions concrètes et de proximité pour enrayer la pro-
gression de l’obésité infantile. De nombreux programmes
élaborés sur la base de recommandations scientifiques
(Epode…) existent ou sont en préparation au niveau
des Agences Régionales de Santé. Les actions prévues
s’appuient sur des relais tels que l’école, la restauration
scolaire et les enseignants, les médecins et infirmiers
scolaires, l’ensemble des professionnels de santé, les
associations, les artisans, les acteurs économiques…
La collectivité dans son intégralité doit se faire le vec-
teur des stratégies de prévention développées ici et là.
Les exemples de prévention primaire réussie ne
manquent pas. Dans des villes du Nord-Pas-de-Calais,
les actions mises en place, basées sur l’école, une
implication de l’ensemble des acteurs locaux de santé
et un engagement fort des communes ont un réel
impact sur la prévention de l’obésité de l’enfant. Les
résultats sur la faible augmentation de la prévalence
de l’obésité infantile dans les villes tests par rapport
à d’autres communes de sociologie globale comparable
sont édifiants. Ces programmes menés sur cinq ans dans
les écoles sont basés sur la diffusion d’une information
nutritionnelle avec une triple évaluation. La première
évaluation concerne l’impact de l’information nutrition-
nelle donnée par des enseignants sur les connaissances
des enfants. La seconde évaluation porte sur la modi-
fication des comportements alimentaires de toute la
famille. En effet, il ne suffit pas d’avoir de meilleures
connaissances pour modifier les comportements. Des
enquêtes alimentaires et des comportements sont réa-
lisées en début et en fin de programme. Les conclusions
mettent en évidence des modifications substantielles
vers les recommandations des comportements alimen-
taires et des consommations. On relève, par exemple,
une meilleure structuration des repas, une alimentation
plus diversifiée, une réduction des graisses animales…
La troisième évaluation porte sur des indicateurs intermé-
diaires de santé, en particulier le poids. La perte de poids,
obtenue en conjuguant une attitude active de l’enfant
et de son entourage, vient conforter l’idée de réussite et
redonner confiance aussi bien à l’enfant qu’à sa famille.
tile et niveau socio-économique n’est pas clairement
démontrée en France. Dans de nombreuses études
réalisées chez l’adulte, on retrouve une relation inverse
entre le pourcentage d’obèses et les catégories socio-
économique, les obèses étant plus fréquemment
retrouvés dans les classes sociales basses. Cette cor-
rélation semble moins claire chez l’enfant. Cependant,
chez les enfants français âgés de 7 à 12 ans, on relève
quatre fois plus d’obèses chez les enfants d’ouvriers
que chez les enfants de cadres.
L’INSERM souligne que le fléau auquel sont soumis les
enfants obèses est la stigmatisation de leur état : com-
préhensible mais non acceptable de la part des enfants,
elle est inadmissible de la part des adultes. L’enfant
obèse souffre et est l’objet, en règle générale, de moque-
ries de la part de ses pairs, dès l’âge de quatre à cinq
ans. La pression sociale sur les critères de beauté, le
regard des autres, l’exclusion vont provoquer ou ampli-
fier les sentiments de honte et de dysmorpho-phobie.
Ce dernier trait est particulièrement fréquent à l’ado-
lescence et lié aux transformations pubertaires. Cette
stigmatisation mène à un cercle vicieux psychologique
et social : elle pousse l’enfant à éviter ses camarades ou
du moins certaines activités, en général physiques. Ou
encore à se séparer du groupe familial pour se consti-
tuer un groupe social différent pour s’y intégrer. Durant
ces périodes de solitude, la perte de l’estime de soi,
l’ennui et la culpabilité mènent au grignotage et à la
sédentarité qui accroissent l’obésité. La lutte contre
ces attitudes de l’entourage de l’enfant obèse fait par-
tie des priorités d’action nationale.
Parfois, l’obésité vient révéler un abus sexuel, des mal-
traitances. Si l’obésité peut masquer certains troubles,
elle peut aussi en induire. Les difficultés scolaires sont
fréquentes chez les adolescents obèses. L’échec sco-
laire, plus fréquent chez les enfants obèses (multiplié
par quatre dans l’étude danoise) connaît, cependant,
des origines diverses.
Le contexte culturel dans lequel grandit l’enfant est
aussi essentiel à prendre en compte de façon à aborder
questions et solutions sous un angle compréhensible
et acceptable pour la famille. Parfois, le problème psy-
chologique précédant ou coexistant avec l’obésité rend
nécessaire le recours à une consultation pédopsychia-
trique puis, posé par le pédopsychiatre, à un traitement
ou soutien spécifique du trouble diagnostiqué.
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