EM
n°43 Mai / Juin 2013
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enquête
E
La douleur dépasse très largement la préoccupation des soignants.
Sa prise en charge est encore celle d’une pratique fondée sur l’expérience,
alors qu’elle doit reposer sur la pluridisciplinarité et la coordination.
Améliorer la
douleur
prise en charge
n France, la douleur constitue l’un des premiers motifs de
consultation et l’une des priorités de santé pour 54 %
des français. Une personne sur cinq souffre de douleurs
chroniques modérées à intenses et 64 % des personnes
recevant un traitement rapportent être modérément
soulagées sur le long terme (source : Pain proposal 2010).
De 1998 à 2010, trois plans nationaux de lutte contre la
douleur se sont succédés en France, où la loi de 2002
relative aux droits des malades et à la qualité des soins
reconnaît le soulagement de la douleur comme un droit
fondamental des personnes. Pourtant ces efforts s’avèrent
encore insuffisants. Et c’est pour cette raison que le Haut
Conseil de la Santé Publique a émis en mai 2011 des
recommandations pour un 4
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plan douleur, parmi lesquelles :
mieux impliquer la médecine de ville dans la prise en
charge, mieux former et sensibiliser les professionnels de
santé, informer davantage le public, prêter attention aux
personnes vulnérables (enfants, handicapés et patients
souffrant de maladies psychiatriques)…
Pour les médecins spécialisés dans la prise en charge
de la douleur, la demande des patients ne va pas cesser
d’augmenter, en raison notamment de l’accroissement
de la longévité. A l’hôpital, les moyens et le personnel
des centres de la douleur demeurent insuffisants pour
répondre à l’accroissement de la demande. De ce fait, il est
devenu indispensable ces dernières années, d’optimiser les
prises en charge localement, en améliorant notamment la
coopération avec les associations de patients, les réseaux
de soins et en développant l’éducation thérapeutique. Il
appartient à chaque Agence Régionale de Santé de définir
la meilleure coordination régionale de l’offre de soins en
s’appuyant sur les professionnels de santé impliqués dans
la prise en charge de la douleur.
Des dégâts
collatéraux
Beaucoup de patients finissent par accepter leur douleur
comme une fatalité. Après des mois, parfois des années de
souffrance, les personnes se coupent de leur entourage,
famille, collègues... Ils en viennent à ne plus pouvoir
assumer un travail. La douleur entraîne alors une désin-
sertion socio-professionnelle toujours problématique.
La douleur doit être traitée comme une question de société
à part entière, en raison notamment des inégalités et des
situations d’exclusion qu’elle entraîne ou qu’elle accroît.
Par exemple, la ruralité comme la pauvreté renforcent
l’inégalité d’accès aux structures et aux soins adaptés.
La douleur
au travail
De nombreux patients consultant dans les structures de
prise en charge de la douleur présentent des douleurs
liées au travail. Une enquête menée en 2008 par le Comité
d’Organisation des Etats Généraux de la Douleur dans ces
Par le Docteur Rémy Clément
de la
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