EM
n°43 Mai / Juin 2013
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a nanomédecine est basée sur l’utilisation des
nanotechnologies. Celles-ci correspondent à l’étude et à
la fabrication de structures et de dispositifs dont la taille
est proche du nanomètre (1 nanomètre = 10
-9
mètre, soit 1
milliardième de mètre). A ce niveau, certaines propriétés
physico-chimiques sont modifiées et c’est ce qui fait
l’intérêt des nanomatériaux.
La nanomédecine
C’est une discipline très récente qui trouve des débouchés
importants dans le diagnostic médical et la thérapeutique.
Pourquoi une telle précision ? Parce qu’elle cumule
plusieurs avantages : structure très petite (ce qui donne un
meilleur comportement dans l’organisme), spécifique (les
nanomédicaments utilisés sont capables de reconnaître
leur cible grâce à un processus immunitaire).
Les progrès de la génétique ne sont d’ailleurs pas
en reste dans la contribution et émergence de cette
nouvelle médecine. En effet, si ces dernières années la
recherche a permis de décrypter le génome humain (c’est
la génomique), aujourd’hui les chercheurs entrent dans
la phase de l’interprétation de ce génome et donc de la
prévision (c’est l’épigénétique).
Qu’est ce qu’un
nanomédicament ?
Dans le principe, un nanomédicament est donc une
particule très petite qui comporte trois compartiments :
1/ le premier contient la substance active, un anticancé-
reux par exemple,
2/ le deuxième porte un traceur qui va interagir comme le
ferait un anticorps avec un antigène spécifique et connu
de la cible, par exemple une cellule cancéreuse,
3/ le troisième, contient des éléments qui vont empêcher
l’organisme de traiter le nanomédicament comme un
antigène, ce qui le rendrait susceptible d’être détruit par
les anticorps de l’organisme du malade.
Muni de ces propriétés, le nanomédicament se distribue
plus rapidement et plus spécifiquement dans l’organisme.
Les concentrations plasmatiques sont de l’ordre de cent
fois plus élevées lorsqu’il est administré sous forme
«nano» que lors d’une administration classique, et avec
des doses inférieures de l’ordre de 20% à 30%.
Grâce au 2
ème
compartiment, il va atteindre les cellules
cibles à traiter en ignorant les cellules saines. Et c’est là
un point de différentiation fondamental avec la thérapeu-
tique classique.
Quelles sont les
applications ?
L’un des domaines majeur où la nanomédecine trouve,
aujourd’hui, des applications est celui de la cancérologie.
Il s’agit en effet, d’un domaine clés car les cancers sont la
principale cause de mortalité mondiale après les maladies
cardiovasculaires. L’une des caractéristiques des cellules
cancéreuses est qu’elles se développent plus vite qu’une
cellule saine et surtout de façon anarchique. Il en résulte
une tumeur dont les dégâts locaux peuvent être importants,
mais surtout les cellules cancéreuses peuvent migrer dans
d’autres zones de l’organe, voir de l’organisme : ce sont les
métastases. Celles-ci représentent plus de 90% des décès.
Grâce à leurs propriétés, les nanomédicaments anticancéreux
vont pouvoir apporter une probable avancée significative. En
effet, les traitements pratiqués aujourd’hui, essentiellement
la radiothérapie et la chimiothérapie, et en dernier recours
la chirurgie, présentent l’inconvénient d’être invasifs et de
provoquer des dégâts collatéraux du fait de leur manque de
spécificité. En même temps que les cellules cancéreuses, ils
vont détruire des cellules saines, avec tous les inconvénients
que cela représente sur l’aspect physique, l’impact moral et
les tentatives de réinsertion sociales et professionnelles.
Les nanomédicaments agissent très spécifiquement sur les
cellules cancéreuses et à des doses moindres. En définitive,
le traitement est plus efficace et dure moins longtemps, les
doses sont moins importantes, et le malade subit moins de
dégâts collatéraux.
Autre utilisation, les nanoparticules, grâce à des traceurs
se fixent spécifiquement sur les cellules cancéreuses.
Lors de irradiation par des radiations ionisantes, elles
génèrent une grande quantité d’énergie, agissant comme
des amplificateurs locaux à l’échelle cellulaire, libèrent
des radicaux libres qui détruisent les chaines d’ADN des
cellules cancéreuses à l’intérieur de la tumeur.
Bientôt des
nanorobots !
La chirurgie n’est pas en reste. Des robots miniaturisés
de l’épaisseur d’un « cheveux coupé en quatre » pourront
se glisser à proximité du site à opérer et permettront
au chirurgien de pratiquer une micro intervention, en
minimisant les lésions liées à un acte traditionnel, ce qui
améliorera grandement l’état de santé post-opératoire.
Ces robots, en fait, ne sont pas de la taille du nanomètre
mais du micron (1 micron = 10
-6
mètre, soit 1 millionième de
mètre). Ils sont pour l’instant au stade expérimental, mais
devraient arriver dans certaines salles d’opérations dans
quelques années seulement.
De la science fiction ? Non, c’est un futur proche !
Chiffres clés des cancers
• En 2008 : 7,6 millions de décès à travers le
monde, selon l’OMS. Les prévisions 2020
parlent de 15 millions de nouveaux cas annuels.
• Fréquence chez l’homme : cancer de la pros-
tate, du poumons et colorectal.
• Fréquence chez la femme : cancer du sein, du
poumon et colorectal.
• Le plus mortel : le cancer du poumon (tabac),
avec un risque mortel de 50% à 60 ans, 70% à
70 ans et de 90% à 80 ans.
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