EM
n°43 Mai / Juin 2013
(7)
se réconcilier avec leur entourage, en cessant de voir
la douleur comme une fatalité. Sur le plan social, elles
interviennent souvent en première intention, apportant
de l’écoute au malade. Leur travail est complémentaire
de celui des médecins. Ce que les patients n’osent pas ou
n’ont pas le temps de dire au médecin, les répercussions
de la douleur sur leur vie sociale et affective par exemple,
ils le disent aux associations. Les médecins eux-mêmes
reconnaissent le bien-fondé de leur démarche, et
l’amélioration de la prise en charge qui en résulte. Il
convient maintenant de favoriser l’interface entre ces
structures et la médecine de ville afin de rendre cohérente
l’offre de soins dans la douleur avec la loi « Hôpital,
patients, santé et territoires ».
Réhabiliter
le patient
Les solutions à rechercher sont d’ordre médical, humain
mais aussi socio-économique. L’objectif est qu’aucun
malade ne puisse plus se dire qu’« il n’y a rien à faire ».
La prise en charge pluridisciplinaire de la douleur
chronique semble donc très pertinente, tant sur le plan
thérapeutique qu’économique. Comme le rappelle la
Haute Autorité de Santé dans ses recommandations, les
objectifs de la prise en charge de la douleur dans des
structures spécialisées sont moins à visée « curative »
qu’à visée de « réhabilitation » du patient douloureux.
Ce n’est pas la douleur elle-même qui est au centre des
préoccupations, mais les résultats en termes de qualité
de vie, d’autonomie du patient (moindre dépendance
vis-à-vis des médicaments et autres modes de prise
en charge), de restauration physique, psychologique
et fonctionnelle. Les traitements peuvent varier d’une
structure à l’autre en fonction des disponibilités locales,
mais l’interdisciplinarité reste le « noyau dur » de ce mode
de prise en charge. Cette approche thérapeutique répond
davantage aux attentes des associations de patients. La
structuration en filière de soins et réseaux renforçant la
coordination du parcours de soins et le développement des
coopérations interprofessionnelles est un encouragement
à la poursuite des efforts entrepris pour apporter les
réponses les plus concrètes aux attentes des personnes
atteintes de douleur.
structures a montré que 7 % des patients présentaient
des douleurs chroniques d’origine musculo-squelettique,
avec un fort retentissement psychologique, social et
professionnel.
Les personnes les plus concernées par les douleurs au
travail sont celles qui possèdent le plus faible niveau
de qualification et qui sont entrées le plus tôt dans la
vie active. Ces douleurs sont favorisées par certains
facteurs tels que le port de charges lourdes ou le travail
répétitif, mais des facteurs psychologiques interagissent
fréquemment (faible latitude décisionnelle au travail,
faible soutien social des collègues et/ou de la hiérarchie,
faible satisfaction au travail, etc.).
Au-delà du soulagement des symptômes, l’objectif
essentiel de la prise en charge est l’amélioration des
capacités physiques et la prévention de la désinsertion
professionnelle. Pour cela, il est nécessaire de
développer une approche pluridisciplinaire et de tenir
compte des dimensions somatique, psychologique et
socioprofessionnelle qui sont fréquemment intriquées.
Les structures de la douleur ainsi que les réseaux de santé
devraient permettre une organisation des soins adéquate
à la condition de bénéficier des ressources suffisantes.
Ces enjeux vont s’accroître avec le vieillissement de la
population active.
Le maintien en emploi et la prévention de la désinsertion
socio-professionnelle seront effectués d’autant mieux
que les acteurs médicaux de la prise en charge clinique
(médecins traitants et spécialistes) pourront collaborer
en confiance avec les médecins de santé au travail,
l’assurance maladie et les acteurs du maintien en emploi.
Toutes les professions ne sont pas égales face à la
douleur, d’où l’enjeu de connaître celles qui génèrent
le plus d’incapacités douloureuses. Il importe aussi de
sortir d’une conception du handicap culturellement trop
centrée sur la lésion visible. Les personnes douloureuses
sont le plus souvent invisibles pour la société.
L’environnement fonctionnel pourrait être adapté, qu’il
s’agisse des transports en commun, du poste de travail…
Dans des professions comme celles du bâtiment, il faut
pouvoir proposer des évolutions de carrière qui évitent
l’aggravation puis la chronicisation de la douleur.
Parallèlement, des progrès sont à accomplir dans le dépis-
tage sur le lieu de travail et la prévention en général.
Reconnaître le rôle
des patients
Les patients atteints de douleur chronique concourent
depuis plusieurs années, par le biais d’associations, à
l’information du public et à l’amélioration du soin.
Au niveau des associations de patients, le rôle des
« patients experts » doit davantage être reconnu et mis à
profit par les médecins et les pouvoirs publics nationaux
comme régionaux. Leur rôle consiste notamment à
apporter de l’écoute, informer et orienter les patients
et leur entourage. Leur premier objectif est de les aider
à reprendre confiance, redevenir acteurs de leur vie et
© CLIPAREA.com - Fotolia
1,2,3,4,5,6 8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,...24