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n°44 Août / Sept. 2013
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et les proches ont un rôle primordial à jouer pour aider le
patient à passer ces caps difficiles (annonce de la maladie,
arrêt du tabac...) et pour l’encourager à maintenir ou
reprendre une activité physique. L’idéal est d’arriver à se
faire un programme d’activités physiques hebdomadaire
ou mensuel, avec son conjoint, les enfants, des amis, une
association… de façon à établir une régularité. C’est aussi
une bonne façon de favoriser l’insertion socioprofessionnelle,
réduire les troubles psychologiques et dépressifs associés à
cette pathologie et lutter contre l’isolement.
Prévention :
sevrage tabagique
Renoncer à fumer est la seule mesure attestée qui permet
de ralentir la progression de la BPCO. Après l’âge de
25 ans, le Volume Expiratoire Maximum par Seconde
(1)
(VEMS) d’un non-fumeur diminue d’environ 20 à 30 ml par
an, alors que chez le fumeur, il régresse de 50 à 60 ml
chaque année. Environ 15% des fumeurs présentent une
diminution accélérée du VEMS
(1)
. Ils sont particulièrement
exposés au développement d’une BPCO. Un ex-fumeur ne
récupère jamais le volume pulmonaire dynamique qu’il
a perdu, mais rejoint le taux de déperdition d’un non-
fumeur. Pour se débarrasser de leur dépendance et parvenir
à une abstinence durable, les substituts nicotiniques
complétés par une prise en charge psychologique donnent
de bons résultats. Ils peuvent permettre d’obtenir une
désaccoutumance à long terme chez 30 à 40% des fumeurs
réguliers.
(1)
Le VEMS ou Volume Expiratoire Maximum par Seconde correspond
au volume d’air expiré pendant la première seconde d’une expiration
dite « forcée », suite à une inspiration profonde. Il correspond
normalement à 80% du volume maximal inspiré. S’il est inférieur,
cela dénote une diminution du débit, et donc une obstruction des
voies respiratoires. Ce qui signale le plus souvent un asthme ou
une BPCO.
de vacances, moins d’activités type bricolage, jardinage,
une participation moindre aux tâches ménagères, baisse
de l’activité sexuelle) et enfin sociales (moins de sorties
entre amis, baisse de la pratique du sport…).
Le diagnostic et la prise en charge des patients atteints
de BPCO doivent comporter une évaluation de leur stade
de sévérité fondée sur la recherche de symptômes : toux
chronique, dyspnée à l’effort, expectorations, et une
exploration fonctionnelle respiratoire.
Les enjeux d’une
prise en charge
précoce
Il est important d’agir le plus tôt possible. Plusieurs études
témoignent aujourd’hui du bénéfice d’une prise en charge
précoce aussi bien médicamenteuse, comportementale,
qu’hygiénique : aide au sevrage tabagique, prescription
de médicaments et mise en place d’une réhabilitation
respiratoire sont efficaces pour limiter la dégradation de
la fonction respiratoire et réduire les complications.
Il n’existe pas de médicaments qui guérissent la BPCO.
En revanche, certains permettent d’en diminuer les
symptômes, de réduire la fréquence et la gravité des
exacerbations (aggravation de la maladie) et d’améliorer
la qualité de vie. Il s’agit essentiellement des broncho-
dilatateurs. Tout d’abord, des broncho-dilatateurs à courte
durée d’action, à prendre lorsqu’on est essoufflé. Si malgré
l’utilisation, plusieurs fois par jour, de ces derniers, les
symptômes persistent, on peut alors recourir à des
broncho-dilatateurs de longue durée d’action. Dans les
formes graves de BPCO, avec des exacerbations répétées,
des corticoïdes inhalés pourront, en outre, être associés.
Parfois, la sévérité des exacerbations pourra aussi
amener à hospitaliser les patients pour une assistance
respiratoire. Et, dans certains cas, la mise en œuvre d’une
oxygénothérapie à domicile s’avérera nécessaire pour les
formes les plus graves.
Bouger !
Un des éléments clés du traitement est le maintien ou la
reprise d’une activité physique. L’activité physique, sous
forme de ré-entraînement à l’effort, est une thérapeutique
qui a montré des preuves indiscutables de son efficacité
dans la prise en charge de la BPCO. Elle permet de diminuer
l’essoufflement dans les activités de la vie quotidienne,
d’améliorer la tolérance à l’effort et la qualité de vie, et de
réduire le nombre d’exacerbations (majoration des signes
cliniques, en particulier de la toux et de l’expectoration)
et de journées d’hospitalisation.
Regagner, semaine après semaine, des muscles et du souffle,
c’est au bout d’un an la possibilité de faire des kilomètres
sans être essoufflé. Bouger est donc le meilleur antidote
pour ne pas laisser sa vie professionnelle, familiale, amicale,
amoureuse s’asphyxier. Mais, il est très difficile de s’y
astreindre tout seul, tous les jours.
Dans ce contexte, l’entourage est un acteur clé. La famille
La «réhabilitation»
respiratoire
C’est un programme personnalisé d’une durée
de 4 à 8 semaines qui associe soins médicaux,
rééducation musculaire et respiratoire, éducation
thérapeutique, aide au sevrage tabagique, et pour
ceux qui en ont besoin, soutien psychosocial. La
réhabilitation respiratoire peut se faire en centre,
c’est-à-dire en hospitalisation complète ou en
hospitalisation de jour, ou encore à domicile.
Des professionnels de santé sont regroupés
autour d’un pneumologue pour la mener à bien.
Malheureusement, encore trop peu de patients
y ont accès, surtout par manque de place. La
France ne compte à ce jour qu’une trentaine de
centres, accessibles à moins de 30 000 malades.
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