EM
n°50 févr. / mars 2015
(17)
Par Florence Lisieux,
Docteur en Pharmacie
parents-enfants
Votre fils de 16 ans fume un joint de temps en temps…D’ailleurs il ne s’en cache pas,
considérant que cettepratique est entréedans lesmœurs. Seulement voilà, la consommation
de cannabis n’est ni licite ni anodine. Comment réagir en tant que parent ?
fume
du cannabis
Aujourd’hui, les jeunes Français sont les plus grands
consommateurs d’Europe de cannabis. La première
expérimentation a lieu en moyenne vers 15 ans. C’est le
plus souvent le week-end ou lors de soirées festives que les
ados consomment. Mais 7% des garçons et 3% des filles sont
dépendants au cannabis qui demeure un produit illicite dans
l’Hexagone.
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Est-ce vraiment grave de fumer un joint de
temps en temps ?
Les ados qui fument du cannabis recherchent une légère
euphorie, un état d’apaisement et de désinhibition qui dure
de 2 à 4 heures. Peuvent apparaître des palpitations, une
sécheresse de la bouche, une altération de la mémoire… Les
« bad trip » sont rares mails ils existent et se manifestent
par des tremblements, des vomissements, et une angoisse
(impression d’étouffer) importante. Reste que dans tous les
cas, le cannabis diminue les facultés de concentration et de
vision. Il modifie aussi la vigilance et les réflexes. Ainsi, il
est dangereux de conduire un scooter ou une mobylette sous
l’effet du cannabis : le risque d’être responsable d’un accident
mortel est multiplié par deux !
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Et si la consommation de cannabis est plus
régulière ?
Sur le long terme, consommer du cannabis peut se ressentir sur
les facultés de concentration et ainsi être responsable d’échec
scolaire. L’adolescent peut aussi être amené à prendre des
risques pour se procurer le produit. Surtout, le fait de fumer du
cannabis associé au tabac augmente les risques de bronchite
et de cancer pulmonaire. Et cela favorise l’addiction ultérieure
aux drogues dures. Chez les jeunes les plus vulnérables, le
cannabis entraîne ou aggrave des troubles psychiques comme
l’anxiété, la dépression ou la schizophrénie.
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Peut-on devenir dépendant au cannabis ?
C’est possible mais la dépendance au cannabis est avant tout
psychologique. Cependant, elle peut entraîner les symptômes
physiques de manque lors d’un sevrage. Les consommateurs
réguliers peuvent donc développer un mal-être, une irritabilité,
des troubles du sommeil ou encore des migraines et sueurs
froides lorsqu’ils arrêtent le cannabis. Le manque physique
disparaît au bout de 3 à 4 semaines alors que le manque
psychique est plus durable.
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Comment aider le jeune à s’en sortir ?
En tant que parent, il est important de ne jamais banaliser,
ou, au contraire, dramatiser la consommation de cannabis. Un
discours moralisateur sera mal reçu. Il faut surtout favoriser
le dialogue avec l’ado, rester à l’écoute et l’informer sur les
méfaits du produit. Si la prise de cannabis est régulière, l’idéal
est d’orienter le jeune à consulter un médecin généraliste (ce
n’est pas au parent de dire ce qu’il faut faire pour arrêter)
ou un psychologue pour inciter au sevrage. Un sevrage qui
passe par la motivation de l’enfant et qui ne nécessite aucun
traitement particulier, hormis des anxiolytiques si besoin.
Si besoin, un appel au 0800 23 13 13 permettra d’installer un
entretien pour faire le point sur la situation ou aller sur le site
internet
www.drogues-info-service.fr© Richard Villalon_Fotolia
Quand consulter ?
Le cannabis ou chanvre indien (Cannabis sativa) se
fume mélangé au tabac. La grosse cigarette obtenue est appelée
joint ou pétard. Elle contient :
•
Soit de l’herbe (marijuana, beuh) : ce sont les feuilles,
sommités fleuries et tiges séchées. La concentration en principe
actif (THC ou tetrahydracannabinol) est de 1 à 15%.
•
Soit de la résine (haschisch, shit) : ce sont des barrettes
vertes, brunes ou jaunâtres obtenues par pressage
des fleurs. Elles peuvent être coupées au cirage, à la
paraffine, au henné… Elles renferment 5 à 20% de THC.
Plus rarement, le cannabis est ingéré dans des pâtisseries
(space cakes).
Mon « ado »