EM
n°56 novembre / décembre 2016
(16)
enquête
permet pas de juger de l’efficacité de cette méthode pour
atteindre ce but. Enfin, aucun des vapoteurs exclusifs n’est
devenu fumeur pendant l’année de suivi. L’e-cigarette ne
serait donc pas une voie d’entrée vers le tabagisme.
Un plan de lutte
suffisant ?
Dans son plan national de réduction du tabagisme, le
gouvernement veut ramener la proportion de fumeurs
à moins de 20% en 2024. Ce plan est une véritable
déclaration de guerre contre ce fléau. Ses mesures clefs
vont même au-delà de la directive européenne anti-tabac :
campagnes pour convaincre les Français d’arrêter de fumer,
mise à disposition de sites Internet et d’applications pour
smartphone, décret interdisant le tabac dans les aires
de jeux, augmentation du prix du tabac à rouler, prise
en charge annuelle forfaitaire du sevrage tabagique par
l’assurance-maladie… Son montant a été porté à 150 euros€
pour les femmes enceintes et les jeunes de 20 à 25 ans ;
depuis juillet 2015, c’est aussi le cas pour les personnes
âgées de 25 à 30 ans, les patients bénéficiant de la CMU
complémentaire et ceux en affection longue durée cancer.
Les médecins, les sages-femmes mais également, depuis le
27 janvier 2016, les médecins du travail, les chirurgiens-
dentistes, les infirmiers et les masseurs kinésithérapeutes
peuvent les prescrire.
Au 1er janvier 2017, le paquet neutre sera obligatoire,
c’est-à-dire sans logo et standardisé. Tous les cigarettiers
seront contraints de mettre en place, pour le marché
français, le même format de paquet, avec la même
typographie, la même couleur et les mêmes emplacements
de plus en plus grands pour les avertissements sanitaires,
qui vont occuper 65% de l’espace. Mais les cigarettiers,
pas plus que les buralistes, n’ont l’intention de se laisser
faire. Ils promettent une « longue bataille judiciaire »,
estimant que le gouvernement enfreint le droit à la
propriété intellectuelle.
Ce plan fait d’autres remous. Depuis mai 2016, la publicité
pour la cigarette électronique est interdite en France.
Cinq associations (Sovape, SOS addictions, Fédération
addiction, Respadd et Tabac & liberté), regroupant usagers
de la e-cigarette, médecins et psychologues spécialisés
en addictologie, ont saisi le Conseil d’État pour obtenir
l’annulation de cette mesure, sur le fondement de la
liberté d’expression.
L’ Angleterre
exemplaire
Alors que la France cherche toujours la bonne recette pour
faire baisser la consommation de tabac dans notre pays,
en Europe d’autres pays semblent l’avoir trouvée. Dans ce
domaine, l’Angleterre s’illustre par le taux de fumeurs le
plus bas d’Europe (19,2%, -2,3 points en un an) qui est
le résultat d’une politique anti-tabac très sévère (avec un
prix du paquet de cigarettes le plus cher d’Europe : 10,8
€
€
en moyenne contre 7
€
en France) et de l’utilisation
généralisée des cigarettes électroniques. De leur côté,
les associations anglaises de lutte contre le tabagisme
ont estimé que cette baisse s’expliquait par une série de
mesures dissuasives, comme l’introduction de l’emballage
neutre, les campagnes médiatiques incitant les gens à
cesser de fumer et, bien sûr, la hausse du prix du tabac.
Certains spécialistes anti-tabac, Outre-Manche, prônent
même l’interdiction de la vente libre des e-cigarettes et des
substituts nicotiniques car, selon eux, elle constituerait
un obstacle au sevrage. Une étude de population de grande
envergure a en effet montré que les substituts nicotiniques
étaient plus efficaces quand ils ne pouvaient être délivrés
que sur prescription médicale, plutôt qu’en vente libre.
L’E-CIGARETTE,
COMMENT ÇA MARCHE ?
U
Les cigarettes électroniques sont des
dispositifs qui permettent de générer
de la vapeur d’eau par chauffage
d’une solution liquide de propylène
glycol ou de glycérine contenant
des concentrations variables de
nicotine. Il y a vaporisation et non
combustion. On comprend mieux
maintenant pourquoi les utilisateurs
de e-cigarette tiennent tant à dire
qu’ils vapotent et non qu’ils fument.
Cette vapeur, contrairement à la
fumée, ne contient pas de goudron,
ni de monoxyde de carbone et autres
substances cancérigènes liées à la
combustion du tabac.
Une cigarette électronique est
constituée des 3 éléments principaux :
»
un atomiseur (la résistance
chauffante),
»
une cartouche avec ou sans bourre
(aussi appelée réservoir) qui contient
du e-liquide,
»
une source d’énergie électrique
(souvent une batterie rechargeable).