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EM

n°56 novembre / décembre 2016

(13)

la 12

ème

heure suivant le début des symptômes, aucun

bénéfice significatif n’a été démontré par le traitement

thrombolytique. Les autres médicaments utilisés pour le

traitement de la phase aiguë sont l’aspirine, le clopidogrel

(Plavix®), l’héparine en tant qu’adjuvant du traitement

thrombolytique...

L’angioplastie directe, réalisée en urgence, sans

traitement thrombolytique préalable, permet d’obtenir la

recanalisation de l’artère responsable de la nécrose. Si elle

peut être réalisée moins de 90 minutes après le premier

contact médical, cette méthode donne des résultats

supérieurs à ceux du traitement thrombolytique en termes

de réduction de la mortalité au prix d’une majoration des

complications hémorragiques, surtout au point de ponction

artérielle. Cette méthode n’est bien sûr applicable que

dans des centres cardiologiques où la coronarographie et

l’angioplastie sont possibles en urgence 24h/24. 

D’autres traitements spécifiques sont mis en œuvre en cas

de complications (troubles du rythme et de la conduction,

complications hémodynamiques et mécaniques,

insuffisance cardiaque…).

Et après ?

L’objectif du traitement post-infarctus des patients

est double : soutenir le cœur déficient du fait de

l’infarctus constitué et empêcher la récidive en évitant

le développement de l’athérosclérose. Le traitement

médicamenteux repose en grande partie sur les mêmes

médicaments que ceux utilisés dans la phase aiguë

(aspirine et/ou anti-agrégants plaquettaires, statines,

bêta-bloquants… et sur d’autres (anticoagulants oraux).

Les mesures hygiéno-diététiques (suppression du tabac

et de l’alcool, reprise de l’activité physique, correction du

surpoids) et la correction des facteurs de risque sont des

composantes capitales du traitement.

de cardiologie. A ce stade, le muscle cardiaque n’est pas

encore atteint : l’insuffisance circulatoire est réversible si

l’ischémie ne dépasse pas 30 minutes. Il faut donc agir très

vite ! Parfois, une complication apparaît dès les premières

minutes avec une perte de connaissance, pouvant aboutir

à un arrêt cardiaque et respiratoire : c’est la mort subite.

Les femmes aussi,

en danger

Selon des études américaines, la proportion de patients

victimes d’un infarctus en l’absence de douleurs

thoraciques est significativement plus élevée chez les

femmes que chez les hommes (42% contre 30,7%). En

l’absence de ressenti des symptômes classiques (douleur

dans la poitrine irradiant le bras gauche et la mâchoire),

les femmes doivent s’alerter face à 3 signes atypiques :

la sensation d’épuisement, l’essoufflement rapide et

important à l’effort et les nausées. Ces signaux d’alerte,

bien qu’atypiques, réclament une attention particulière

chez les jeunes femmes présentant au moins un facteur

de risque cardiovasculaire : tabac, stress, sédentarité,

hypertension artérielle, cholestérol, diabète, etc. Or,

une prise en charge trop tardive des femmes lors d’un

infarctus compromet leurs chances car elles se remettent

moins facilement de cet accident cardiaque. En effet,

leurs artères sont plus difficiles à revasculariser, plus

fines et plus fragiles que celles des hommes. Or, en ayant

adopté le même style de vie et le même comportement

à risque que les hommes depuis une trentaine d’années

(mauvaises habitudes d’hygiène de vie : tabagisme,

stress, sédentarité, alimentation déséquilibrée, alcool…),

les femmes deviennent autant exposées aux maladies

cardiovasculaires. Les chiffres rapportés par la nouvelle

agence de santé publique en France sont alarmants quant

à la progression du nombre d’hospitalisations pour un

infarctus chez les femmes jeunes : + 4,8 % par an entre

2009 et 2013 pour les 45-54 ans… Progression qui se

renforce, car elle était de 3 % par an entre 2002 et 2008

sur la même tranche d’âge.

Le traitement

d’urgence

Le pronostic vital de l’infarctus se joue dans les 2 premières

heures. Le gain de survie est d’autant plus important

que le rétablissement du flux sanguin du myocarde est

précoce, plus complet et plus durable. Pour avoir un

ordre d’idées, la réduction de la mortalité est de 50 %

pour un traitement lors de la première heure et de 30 %

la deuxième. L’objectif du traitement est triple : calmer

la douleur (avec des antalgiques majeurs : morphine ou

dérivés par voie intraveineuse), prévenir la mort subite des

premières minutes et des premières heures de l’évolution,

limiter la taille de l’infarctus par un rétablissement rapide

de la circulation coronaire. L’arsenal thérapeutique fait

appel aux médicaments thrombolytique dont on sait que

leur efficacité s’exerce jusqu’à la 12

ème

heure : au-delà de

ENTRAÎNEMENT À L’EFFORT

Il s’effectue en milieu spécialisé. Il comporte

un programme de gymnastique d’intensité

progressivement croissante. La tolérance cardiaque

aux efforts d’intensité croissance est surveillée par

monitoring cardiaque, télémétrie, par des épreuves

d’effort sur cyclo-ergomètre répétées. En fin de

ré-entraînement (qui peut durer 4 à 6 semaines suivant

les sujets), on effectue une épreuve dite d’évaluation au

cours de laquelle la personne est soumise à une charge

progressivement croissante. Cette épreuve d’évaluation

à l’intérêt de préciser les possibilités physiques du

malade et de dépister l’insuffisance coronarienne

résiduelle lorsqu’elle existe.

L’efficacité du ré-entraînement est souvent

remarquable. Il améliore les possibilités physiques

du sujet (il peut ainsi reprendre une activité

physique plus complète et plus précoce) et surtout

permet le rétablissement du bien-être physique et

psychologique.