EM
n°56 novembre / décembre 2016
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dossier
L’
Une douleur thoracique ne doit jamais être prise à la légère.
En France, 120 000 personnes sont atteintes chaque année d’un infarctus
du myocarde. 10% en décèdent dans les heures qui suivent et 20%
environ dans l’année qui suit. C’est une urgence thérapeutique. Sa prise en
charge précoce en unités de soins intensifs permet de sauver des vies. Les
patients à risque doivent donc parfaitement connaître les signes d’alerte.
analyse des données médicales provenant de près de 2000
patients ayant eu un infarctus du myocarde, issues des
registres de l’Assurance maladie, montre que l’âge moyen
des patients est de 67,2 ans et que deux tiers sont des
hommes. Le pourcentage de décès au cours des années 1,
2 et 3 qui suivent l’accident cardiaque est respectivement
de 21%, 26% et 32 %. La mortalité la plus élevée s’observe
dans les trois mois qui suivent l’infarctus. Ces chiffres,
encore trop élevés, doivent inciter à améliorer les mesures
de prévention secondaire.
Un accident lié à
l’athérosclérose
L’infarctus du myocarde est la destruction d’une partie
plus ou moins importante du tissu cardiaque (nécrose),
consécutive à l’obstruction brutale d’une artère coronaire,
faisant que cette zone, située en aval, n’est plus irriguée
en oxygène véhiculé par le sang. Cette obstruction est
due à la formation d’un caillot ou thrombus sur une
plaque d’athérome rompue ou fissurée. L’athérosclérose
coronarienne est presque toujours responsable de
l’infarctus. Le mécanisme précis de l’infarctus fait appel
à plusieurs facteurs : thrombose, spasme vasculaire,
hémorragie sur une plaque d’athérome. Soit l’athérosclérose
est asymptomatique et l’infarctus survient brutalement
chez un patient qui se croit en bonne santé, soit elle fait
déjà souffrir le patient d’angine de poitrine ou d’angor
(douleurs violentes au milieu de la poitrine) et l’infarctus
apparaît comme une complication.
Comment détecter
un infarctus du
myocarde ?
Le début de l’infarctus est brutal et, très rapidement, le
tableau clinique est évocateur. La douleur domine la scène.
Rétro sternale (derrière le sternum), elle s’étend à toute la
paroi thoracique antérieure. Elle irradie très largement vers
les mâchoires, les épaules, les bras, le creux épigastrique,
le dos et la nuque. Elle est constrictive, intense, à type
d’écrasement intolérable du thorax, angoissante avec
sensation de mort imminente. Ce tableau s’accompagne
d’un cortège de manifestations : agitations, sueurs
profuses, pâleur, nausées, vomissements… Si l’oppression
thoracique ne cède pas spontanément au repos ou en
moins d’une minute après une prise de trinitrine sous la
langue (en spray ou en comprimé) et qu’elle se prolonge
au-delà d’une vingtaine de minutes, il y a tout lieu de
suspecter un infarctus du myocarde. Dans ce cas, il faut
immédiatement arrêter toute activité et appeler le 15
qui débutera le traitement à domicile et procédera à
l’hospitalisation du sujet dans une unité de soins intensifs
Par le Docteur Rémy Clément
myocarde
du
L’infarctus
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