EM
n°47 avril / mai 2014
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Un risque de
fracture numérique
Le parcours de soins s’appuyant toujours davantage sur des
dispositifs numériques et des réseaux de communications,
la question se fait jour d’une nouvelle forme de médecine
à deux vitesses excluant de fait le patient (âgé, en
situation de précarité, étranger ne parlant pas français…)
en incapacité de se connecter. Les raisons peuvent être
multiples (financières, culturelles, techniques,…), mais
toutes peuvent concourir à la montée d’une nouvelle
inégalité dans l’accès aux soins et dans leur dispensation.
La fracture numérique existe et pourrait donc devenir
une fracture d’accès aux soins : 1 français sur 5 n’est
pas ou mal connecté à Internet, 17% des français n’ont
pas de portable, seulement 16,9% des plus de 75 ans
possèdent un ordinateur à domicile et au sein de cette
cible, seulement 15% ont un accès à Internet… Elle
constitue le cheval de bataille d’Emmaüs Connect, une
association du mouvement Emmaüs qui a pour mission de
faire des télécommunications un levier d’insertion pour les
personnes en difficultés.
Internet : entre
connaissance et
crédulité
La santé 2.0 a con ribué à diffuser les connaissances.
Toutefois, la disparité de lecture de l’information ou les
confusions du patient entre information et savoir posent
certaines limites.
Par ailleurs, l’hyper connexion nous rendrait-elle plus
crédule ? Pour le sociologue, Gérald Bronner, le déluge
d’informations médicales sur Internet entretient les
craintes et les croyances qui sont de véritables obstacles
sociétaux pour certaines innovations technologiques :
« Les croyances causent des dégâts pour la santé publique
et l’environnement, sans tenir compte des bénéfices que les
innovations peuvent apporter en terme d’intérêt général ».
Il ajoute que l’accession à l’information sur Internet ne
favorise pas le développement de l’esprit critique et un
jugement équilibré. On se connecte pour trouver des
informations qui vont confirmer des idées préalables, plutôt
que des informations qui vont faire renoncer à certains de
nos préjugés et à certaines de nos croyances. Selon lui, 70
à 80% des sites Internet développent des argumentaires
en faveur des croyances et éloignent l’internaute des
conclusions ordinaires de la science.
Ce vaste marché de l’information ne pouvant être régulé
pour des raisons politiques, la solution est dans nos
cerveaux, estime Gérald Bronner :
« Quand on s’informe
sur une innovation thérapeutique, il faut recentrer son
appétence plus sur les bénéfices que sur les risques ou les
coûts. Cela suppose que les données scientifiques soient
traitées et présentées de manière plus neutre, afin de ne
plus favoriser les croyances inconséquentes. »
psychologique et des conseils pratiques très utiles. Sur
PatientsLikeMe, le patient est incité à être acteur de sa
santé, à partager son expérience au bénéfice des autres
et à contribuer au progrès médical en participant à des
études qui font progresser la connaissance médicale et
les sciences.
Les Serious Games sont une nouvelle approche qui
permet aussi d’informer les patients pour une meilleure
compréhension de leur maladie et de leurs traitements.
La connaissance des mécanismes d’action de leurs
médicaments rejaillit sur leur implication dans l’observance.
Les réseaux sociaux spécialisés et les blogs sont
pour les communautés de patients et les laboratoires
pharmaceutiques des lieux d’échanges très productifs
pour les deux parties. CureTogether propose pour 600
pathologies des outils diagnostiques et d’évaluation des
traitements et de leur efficacité en vie réelle, tandis que
le site Treato se livre à une évaluation comparative des
traitements et donne la possibilité au patient de mettre
en ligne ses commentaires.
Globe-Docteur.com, un nouveau site de télémédecine
désormais accessible en France, met en relation des
médecins expérimentés et des patients ou des personnes
s’interrogeant sur une question médicale. Ce site est né
du constat que près de 8 contacts sur 10 avec un médecin
peuvent se régler à distance, pour peu que le praticien
dispose d’une interface efficace.
Le e-patient s’inscrit, remplit un rapide questionnaire
médical et demande un rendez-vous. Il entre ensuite dans
une salle de consultation virtuelle où il peut échanger
par visioconférence avec son médecin, dialoguer par
écrit et lui envoyer les documents nécessaires (analyses,
radios, photos…). Les médecins de Globe-Docteur font
un compte-rendu de la consultation que le patient peut
transmettre à son médecin traitant.
LA SANTÉ MOBILE
A DE L’AVENIR
La trajectoire des équipements médicaux
mobiles et connectés se croise et s’impacte
avec celle des nouvelles thérapeutiques
qui sont de plus en plus innovantes,
personnalisées et risquées, appelant de
fait plus d’accompagnement de la part
du médecin. A l’ère de la pharmaco-
génomique, le recueil de données du patient
par voie numérique amène de la précision
et de l’efficience, permet de raccourcir
les temps de décision et d’augmenter le
niveau de sécurité des traitements. Les
patients reçoivent immédiatement des
réponses et des informations en consultant
rapidement leur Smartphone ou leur
tablette. Les potentialités des objets
connectés ouvrent désormais la porte à
un suivi du patient dans la « vie réelle »
qui pourrait déboucher sur de nouveaux
modes d’évaluation et de prise en charge.
