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EM
n°47 avril / mai 2014
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A la fin du 19ème siècle, la
tuberculose
était responsable d’un
décès sur sept en Europe. Elle a quasiment disparu grâce à la vac-
cination. Elle demeure cependant très présente sur les continents
africain, asiatique et sud américain (1,3 millions de morts/an).
La
peste
et le
choléra
ne font plus de victimes épidémiques
par milliers, décimant les populations.
La
polio
est devenue une maladie rare, alors qu’en 1960 il
était courant de voir une personne atteinte de malformation ou
de paralysie liée à cette maladie.
Le
tétanos
présente de temps à autre des résurgences, sur-
tout chez les seniors qui ne pratiquent plus les rappels par
négligence ou par oubli.
La
coqueluche
ne fait plus parler d’elle (sauf qu’aujourd’hui,
ce sont les parents qui contaminent les enfants).
Une vaccination
grippale
systématique annuelle de la popu-
lation senior permet d’éviter les décès épidémiques.
Entre 2006 et 2009, plusieurs cas de
Méningites B
ont été
détectés en Seine Maritime. Il aura fallu plusieurs années pour
vacciner la population afin de juguler l’épidémie.
Les échecs
es principales caus s sont d’ordre sociétal. La maladie
ayant disparu, il ne reste d’observables que les effets
secondaires. Il en résulte une polémique sur l’intérêt de la
vaccination qui peut avoir des conséquences redoutables à
l’échelle de la population.
L’exemple le plus flagrant est celui de la rougeole. Les polé-
miques autour de la vaccination se sont répandues rapidement,
suite à un article paru dans The Lancet qui suspectait le vaccin
contre la rougeole de provoquer un autisme. Ce « constat » a
généré une méfiance de la population vis-à-vis de l’intérêt du
rapport bénéfice/risque de la vaccination. L’article avait montré
des failles méthodologiques et il n’aurait pas du faire naître le
doute. L’article est mort, mais la rumeur est restée... Le résul-
tat est qu’entre 2009 et 2012, 23000 cas de rougeole ont été
signalés (dont un pic de 16500 cas en 2011), avec pour consé-
quence : 1000 cas de pneumopathies graves, 30 cas d’encépha-
lites/myélites avec séquelles et 10 décès. C’est cher payé...
Le cas du vaccin Gardasil est toujours sous le feu de l’actualité.
La remise en question d’une vaccination systématique dans la
prévention du cancer du col de l’utérus, versus la réalisation d’un
frottis tous les 3 ans, est toujours présente dans les esprits et fait
polémique dans le corps médical. Un adjuvant (l’aluminium) est
suspecté. Il est reproché au vaccin de déclencher une sclérose
en plaques, des myasthénies, des maladies auto-immunes,
un lupus, la maladie de Verneuil (pathologie dermatologique
sévère). Pourtant les statistiques mondiales ne montrent pas
de réduction du rapport bénéfice/risque et la fréquence de la
sclérose en plaques n’est pas plus importante dans la population
vaccinée que dans la population non vaccinée. Mais, hélas, les
« méthodes musclées » du laboratoire américain Merck suscitent
la réserve et la suspicion, alors que, scientifiquement, le vaccin
est efficace. Le problème est d’évidence transféré du terrain
scientifique vers le terrain politique et sociologique.
Autre exemple, celui de la vaccination contre méningocoque C,
pour laquelle plus de 45% des enfants de 1 à 4 ans ne sont pas
vaccinés ; plus de 60% pour la tranche 5-9 ans et 75% pour les
10-14 ans. Méfiance ?
Enfin, chez les seniors (plus de 65 ans), le taux de la
population vaccinée est passée de 70% lors de l’hiver
2009/2010 à 60% lors de l’hiver 2011/2012, et il continue
de baisser !
X
X
Le problème majeur de ce débat devenu public,
est qu’il entretient la rumeur du « tous pourris»
et fait oublier les victoires obtenues et le progrès
social apportés en un siècle par la vaccination qui,
finalement, n’est rien d’autre que le déclenchement
d’un phénomène biologique naturel.
Les menaces
Elles proviennent des virus qui possèdent la particularité de
muter. C’est le cas du virus grippal saisonnier et d’autres virus
influenza comme H1N1, H5N1, H6N1, H10N8... En effet, la
multiplicité des réservoirs animaux et humains provoque des
mutations croisées difficiles à surveiller. L’enjeu vaccinal est
mondial. Les voyages intercontinentaux favorisent les contacts
et l’émergence de nouveaux foyers épidémiques. Aussi, tout
phénomène apparaissant en un point de la planète déclenche
aussitôt une surveillance accrue des infectiologues.
Le cas du virus EBOLA qui fait actuellement un ravage en
Afrique de l’ouest (Guinée, Libéria et Sierra Leone), démontre
les capacités de déploiement d’une épidémie dans une
population non immunisée car il n’existe aucun traitement,
ni aucun vaccin. Seules les mesures d’isolement drastiques
peuvent donc éviter la propagation de la maladie. Les malades
auraient pu avoir la vie sauve si un vaccin avait existé...
Le syndrome du corona virus sévit toujours au Moyen-Orient
(1
er
cas en 2012) induisant une pathologie respiratoire très
grave qui se traduit par un décès au bout de 11 jours.
Le SRAS est apparu en 2002 en Chine, puis s’est propagé sur la
planète. Il y a eu 8000 cas, 800 morts.
Les promesses
•• L SIDA
: 4
ème
cause de mortalité dans le monde. Depuis
plusieurs années maintenant les candidats vaccins sont
expérimentés, avec des succès laissant espérer une prochaine
mise au point. Mais les budgets manquent parfois.
•• Le Paludisme
: transmis par une femelle moustique, le palu-
disme est du à un parasite qui fait exploser les cellules san-
guines. Un vaccin est toujours en cours d’élaboration et serait
susceptible de sauver des milliers de vies.
•• La dengue
qui est une maladie tropicale responsable chaque
année de centaines de morts en Asie.
•• Helicobacter Pilori
est une bactérie présente dans l’estomac.
Elle est responsable d’ulcère et de cancer.
•• La maladie d’Alzheimer
, est également concernée par la
mise au point d’un vaccin depuis 2002...
•• Certains cancers
sont eux aussi dans la ligne de mire des
chercheurs, afin de stimuler les réactions naturelles de l’orga-
nisme à l’aide d’un vaccin curatif, dont le rôle serait de faire
fabriquer par l’organisme des anticorps capables de reconnaître
et de différencier les cellules saines des cellules cancéreuses.
De nombreuses recherches sont en cours de développement
pour éradiquer les pathologies infectieuses responsables
d’épidémies et de milliers de morts. Ces recherches sont
longues et très coûteuses. Ce qui peut justifier le retour sur
investissement recherché par un laboratoire pharmaceutique.
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