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EM
n°47 avril / mai 2014
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Des prothèses
chères et mal
remboursées
Les déficients auditifs sont tout fois conscients de l’utilité
des prothèses auditives, mais uniquement 14% d’entre
eux ont recours à l’usage d’un appareillage auditif, dont
16 % des plus de 60 ans (source : DREES). Ce sous-
équipement est d’autant plus regrettable que les pertes
auditives légères représentent les trois quarts des surdités
et qu’un appareillage précoce à ce stade permettrait
de corriger facilement les troubles et d’éviter qu’ils ne
s’aggravent en raison du retentissement central des lésions
neurosensorielles. Ainsi, les personnes malentendantes
appareillées trop tardivement voient décroître leurs
capacités cérébrales de traduction des sons amplifiés. Etre
atteint d’une surdité légère n’est donc pas anodin.
Si l’efficacité d’une audio-prothèse est liée à la précocité de
son utilisation, il est indispensable que le patient adhère à
cette idée et coopère à sa mise en œuvre. Pour cela, il doit
être sûr du diagnostic et de l’intérêt de la prescription, être
bien informé et bénéficier d’un appareillage parfaitement
adapté (contour d’oreille, intra-auriculaire…).
L’adaptation est une étape-clé. La période d’essai se fait
généralement sur un mois, avec des rendez-vous réguliers
pour des mises au point. Mais il faut plusieurs semaines,
voire plusieurs mois, pour intégrer un appareil auditif.
La technologie numérique a fait énormément de progrès.
Par exemple, aujourd’hui, les appareils sont tous
compatibles avec le Bluetooth. Ce système permet, à l’aide
d’un boîtier, de décrocher son téléphone sans se déplacer
ou de recevoir directement dans son appareil le son de la
télévision corrigé.
Cependant, ces prothèses auditives coûtent cher (coût
moyen : 1800€
par appareil) et sont mal remboursées,
ce qui représente un frein et explique le très faible taux
d’équipement.
L’inspection générale des affaires sociales, dans un rapport
d’octobre 2013 sur l’« évaluation de la prise en charge des
aides techniques pour les personnes âgées dépendantes
et les personnes handicapées », considère « qu’une
revalorisation est prioritaire concernant les prothèses
auditives dont la prise en charge au titre de l’assurance
maladie est actuellement fortement déconnectée de la
réalité économique ». 
l’oreille externe à l’oreille interne en transitant par l’oreille
moyenne où se trouvent trois osselets : le marteau, l’en-
clume et l’étrier. C’est au niveau de cette chaîne ossicu-
laire qui relie le tympan à la fenêtre ovale que vont se faire
la perception et la retranscription du phénomène méca-
nique en signaux électriques qui seront acheminés vers le
cerveau. Les causes de surdité de transmission sont prin-
cipalement le bouchon de cérumen, les otites, le tympan
perforé ou l’accumulation de liquide derrière le tympan en
cas de rhume, le blocage ou une lésion des osselets.
•• La surdité de perception 
: une fois que les vibrations
sont parvenues à l’oreille interne, elles sont prises en
charge par la cochlée, une spirale composée de 16 000
cellules ciliées. Celles-ci ont pour mission de décoder les
fréquences aiguës du son lorsqu’elles sont situées près
de l’entrée de la cochlée, les fréquences moyennes lors-
qu’elles sont un peu plus loin et les fréquences graves
pour les plus éloignées. Toutes sont là pour transformer la
mécanique en signal électrique au nerf auditif.
Chaque individu naît avec un capital de cellules ciliées et
comme elles ne se renouvellent pas, il est impératif de les
préserver tout au long de sa vie. Leur destruction brutale
ou progressive selon le facteur en cause s’accompagne en
effet d’un déficit auditif irréversible.
Les causes de surdité de perception sont plus complexes,
en rapport avec une atteinte sensorielle ou nerveuse :
presbyacousie, traumatisme sonore, maladie congénitale…
Un mal « silen-
cieux » lourd de
conséquences
Les co séquences sont d trois ordres :
•• Sociales.
Honteux d’avouer leur gêne auditive, les pres-
byacousiques qui ne sont pas équipés ont souvent du mal
à prendre part à des activités sociales, même au sein de
leur propre famille. Ils adaptent donc, volontairement ou
non, leur comportement au sein de leur environnement
social. Ils s’isolent, feignent de bien entendre, ou encore
ont des difficultés à se concentrer et à communiquer, que
ce soit sur leur lieu de travail ou dans leur cercle familial
et amical.
•• Physiques.
D’une manière générale, les personnes ayant
une gêne auditive doivent fournir des efforts supplémen-
taires au quotidien qui peuvent entraîner fatigue, maux de
tête, vertiges, tension musculaire, stress, troubles alimen-
taires et/ou du sommeil.
•• Psychologiques.
La peur de « faire vieux » conduit les
presbyacousiques débutants à différer le plus tard possible
la décision de s’équiper. Une déficience auditive non traitée
peut avoir de sérieux effets psychologiques : sentiment de
honte, gêne, dépression, inquiétude et frustration, auto-
critique, faible estime de soi, manque de confiance… Ces
problèmes ne sont pas pris en compte à leur juste valeur.
Les français sont sous-équipés
• 
6 millions de Français vivent avec une gêne auditive sans être équipés.
• 
Le taux d’équipement est de 15% en France versus 27% au Royaume-
Uni et 35% aux USA.
• 
Pourtant 92% des Français se disent prêts à s’équiper d’un appareil
auditif en cas de gêne.
• 
A titre de comparaison, 85% des personnes atteintes de presbytie
sont équipées de lunettes.
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